MOHA HAMDAOUI

Au fil de son parcours, il sera amené à expérimenter de nombreuses facettes du métier de photographe. Ainsi, après avoir quitté le Jura pour monter sur Paris où il commence par traîner avec un appareil photo toujours en bandoulière, il saisit des scènes de rue sur le vif, au hasard des situations, là où le portent ses déambulations. Observateur attentif, ses premiers clichés sont comme un journal.

Le destin veut qu'il rencontre un des fondateurs de Photo magazine ! Une rencontre décisive, on s'en doute, qui lui permettra dans un premier temps d'être plus posé, si l'on ose dire, dans sa démarche et sa manière de prendre des photos. C'est aussi le déclencheur, toujours si l'on ose dire, pour une reconnaissance d'un travail, ou plutôt d'un apprentissage aussi, qui passe par le terrain et l'humain, et non par des cours académiques.

Au contact de ce mentor et de nombreux photographes professionnels, Moha apprend plus vite et plus sûrement que dans une école dont les règles et méthodes ne conviennent pas à son esprit d'indépendance, à sa conception de la photo. Passionné, il fonctionne et se perfectionne à "l'affect", en étant "cash" dans ses relations et sans retenue dans son envie d'expérimenter. C'est précisément ce feeling qui plaît à ses mentors.

Autre rencontre déterminante, celle avec Ferjeux van der Stigghel. Ce photographe renommé aux activités multiples lui montre des photos prises en Amérique du Sud. Moha y trouve tout ce qui l'intéresse dans un cliché (cadre, compo, lumière, etc.) et le conforte dans sa voie. Un jour de 1986, il se retrouve en sa compagnie pour une série de photos qui doit jouer sur les ombres, mais ils croisent entre Saint-Michel et Saint Germain les sinistres voltigeurs matraquant les étudiants qui manifestaient alors contre la loi Devaquet. Entre deux coup de bâtons, Moha saisi au vol les matraqueurs dans leur mouvement. C'est son premier cliché du genre, et il vaut largement celui qu'aurait pu prendre un professionnel.

Cette pratique, qui mêle le réalisme du témoignage social à l'esthétisme photographique, Moha la prolongera plus tard, avec des photos prises dans le métro ou des friches urbaines, par exemple. Il photographie aussi les travellers et leurs campements. Puis Moha voyagera à son tour en Asie, prolongeant ainsi son apprentissage personnel en affirmant son style. Sans perde de vue la question sociale, les scènes de la vie quotidienne et ses soubresauts… Ainsi, plus tard encore, lorsque Moha habite à Sartrouville, en banlieue nord-ouest de Paris, il est aux premières loges pour couvrir les émeutes dans les cités. Seul photographe sur place, il mitraille pendant 2 jours. De retour chez lui, il développe ses tirages dans le labo qu'il s'est construit. Quelques unes seront publiées dans la presse. Certaines seront utilisées par la police pour identifier les "petits agités". Ce souvenir lui laisse un goût amer et lui sert de leçon pour la suite.

À l'époque, pas d'appareil numérique. Moha prend goût au rituel technique associé à l'argentique. En autodidacte accompli et revendiqué, il fait de la photographie son moyen d'expression. 

(suite de l'article)

Over the course of his career, he has experimented with numerous methods of photography. Thus, after having moved from Jura to Paris, where he began to always bring a camera over his shoulder, he captured the scenes of street life, in random situations, where he took his strolls. An attentive observer, his first pictures are like a journal.

Fate wants him to meet one of the founders of Photo Magazine. A decisive encounter, one suspects,which will allow him to be more posed, if one dares to say, in his approach and his method of taking photos. It is also the trigger, always if one dares to say, for recognition for a work, or rather an apprenticeship as well, which is learned by the field and humans, and not by academic courses.

By contacting his mentor and numerous other professional photographers, Moha learned faster and surely more than if he was in a school where the rules and methods did not align to his independence spirit, to his conception of photos. Passionate, he works and perfects himself in " the effect" of being straightforward in his relationships and without being reserved in his desire to experiment. This is precisely the feeling that pleases his mentors.

Another determining encounter was with Ferieux van der Stigahel. This renowned photographer in multiple activities showed him photos he had taken in South America. Moha found everything that interested him present in a photo ( frame, composition, light, etc) and then reinforces them in his own way. One day in 1986, he found himself in his company for a series of photos that played with shadows, but crossed between Saint Michel and Saint Germain, and found sinister infantrymen clubbing students who protested against the Devaquet law. Between two strikes of the batons, Moha seized the robbers in their movement. It was his shot of this type and it is one that could appear to have been taken by a professional.

This practice, which mixes the realism of the social testimony with photographic aesthetic, will be prolonged by Moha later, with photos taken of the metro or of the urban wastelands, for example. As well, he photographs travelers and their camps. Then Moha will travel to Asia, prolonging his personal apprenticeship while affirming his style. Without losing his view of the social question, the scenes of everyday life and its jolts...This way, afterwards, when Moha lives in Sartrouville, a suburb in the north-west of Paris, he is one of the firsts to cover the riots in the city. The only photographer in the area, he shoots for two days. Returning home, he develops his prints in a lab that he has constructed. Some will be published in the press. Others will be used by the police to identify the " small disturbers". This souvenir leaves a bitter taste in his mouth and served as a lesson for the future.

 

At this time, he does not have a digital camera. Moha prefers the technical ritual associated with film. Self taught and self assured, photography is his method of expression.

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